A la limite et au-delà !

Par Thierry Craviari – Chirurgien Orthopédiste CH-Châteauroux

Peut-on dire que l’on est blasé quand on revient de sa 22ème mission chirurgicale au Bangladesh ? Peut-on dire que l’on a tout vu, tout compris, que plus rien ne peut nous surprendre ? Pas si sûr !

Consultation à Chakaria

Un séjour au Bangladesh reste une aventure inoubliable faite d’excessifs excès, de joie et de tristesse, de gravité et de légèreté, d’adversité incroyable et de solutions simples. « A la limite et au-delà »… dirait Buzz l’éclair. 

Tout commence avec l’obtention d’un visa dont la procédure reste un mystère. Le voyage est fait de retards, de coups d’arrêt et d’accélérateur : trains, métro, taxis, avions, minibus, rickshaws et 2 jours plus tard, bon an mal an on arrive à Chakaria. L’accueil y est festif, tout le monde est là, même à 20h : feux d’artifices, colliers de fleurs, confettis, chansons, gâteau à la crème. On se prendrait presque pour le dernier roi du Bangladesh!

Le service d’hospitalisation du CMOSH

Le lendemain, alors que le décalage horaire diffuse son lot de fatigue et de grisaille cérébrale, on est plongé dans une consultation débordante de patients triés sur le volet. Le qualificatif qui me vient à l’esprit est : « cours des miracles ». Les espoirs des familles sont fous et nos capacités limitées. Avec notre petite équipe on s’active pour essayer de proposer des solutions parfois conventionnelles : ostéotomie (redressement d’un os en le coupant), ténotomie (section de tendon), plâtres, appareillages. Mais, le plus souvent il faut faire preuve d’imagination et d’innovation pour pourvoir rendre service.

La règle est, comme dit la chanson : avant tout ne pas nuire, primum non nocere !

L’équipe d’infirmières et d’assistants médicaux du bloc opératoire du CMOSH

Après quelques jours « d’acclimatation » à Chakaria vient l’heure du grand bain : Chittagong ! La ville de tous les excès. Ici la misère côtoie la richesse, les contrastes y sont terrifiants. La pollution est terrible, l’air est à peine respirable. Les rues sont embouteillées jours et nuit par des véhicules usés jusqu’à la corde. Les poubelles, quand elles existent, débordent dans les canaux d’irrigation. 

Le bloc opératoire peut paraitre à première vue à l’image de la ville sans règle et surpeuplée. Mais il n’en est rien, il y a des codes à connaitre et après quelques mises au point, on parvient à opérer dans de bonnes conditions même les cas les plus complexes.

Puis vient l’heure de rentrer, on est fourbu, lessivé, essoré, mais tellement heureux d’avoir pu remplir cette mission, accompagné par nos amis bengalis. Car oui, une amitié de 20 ans nous lie et c’est un plaisir de se retrouver à chaque mission.

Alors, à l’année prochaine!

Signature de la nouvelle convention