Quelques réflexions après trois missions au Bangladesh

par Françoise Girardot – avril 2020

Après trois missions annuelles de trois semaines au Bangladesh au « Chakaria Disability Center », le temps est venu d’effectuer un bilan, de voir si les buts de mission ont été atteints, de se poser la question de l’avenir de ce projet. Améliorer la prise en charge rééducative des enfants paralysés cérébraux (CP) est un vaste programme qui passe par une compréhension de beaucoup d’éléments. Localement, comment est mise en place la rééducation ? Qui l’applique ? Est-elle adaptée à la paralysie cérébrale et ses conséquences ? Quel est le projet de soins, de vie de chaque enfant ? Quels sont les habitudes environnementales de travail des professionnels de la rééducation ? Qu’attendent-ils de nous expatriés ? Pourquoi tant d’enfants CP dans ce pays ? 

Un état des lieux des fonctionnements et des compétences des professionnels locaux de la rééducation a été réalisé au travers de nombreuses consultations en binôme voire trinôme avec ces professionnels, consultations allant parfois jusqu’à plus de 20 enfants CP examinés par jour.

Puis avec l’aide d’un médecin neuro-pédiatre, une formation théorique et pratique couvrant l’ensemble des problématiques motrices des enfants CP a été dispensée aux professionnels de la rééducation. Majoritairement ces professionnels ont paru très intéressés faisant preuve de réelles capacités d’acquisition des techniques enseignées.

Ensemble nous avons réalisé des « guidelines » assurant non seulement la traçabilité de l’état de l’enfant mais également celle du projet de soins incluant les demandes des parents et de l’enfant et assurant une traçabilité de son évolution grâce à telles ou telles stimulations. Après 3 missions, le bilan est positif, la prise en charge des enfants CP s’est améliorée. Cela fait chaud au cœur ! Même si une « piqure de rappel » annuelle est toujours utile. Et il y a aussi la formation des nouveaux professionnels qui est assurée par la référente CP de l’établissement, mais qui doit être vérifiée.

Reste une question : pourquoi autant d’enfants CP dans ce pays ? Les mamans sont souvent très jeunes, une quinzaine d’année en moyenne lors de la naissance de l’enfant. Elles accouchent majoritairement à la maison sans aucune aide médicale. Elles décrivent toutes un accouchement très long et un premier cri du bébé tardif, mais ne font pas le lien entre ces conditions de naissance et la paralysie cérébrale de leur enfant. Comment intervenir face à cette problématique ? Devons-nous intervenir ?

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